Saturday, 19 September 2009

Mon quartier, ma monnaie

LE MONDE: Les Anglais ne veulent pas entendre parler de l'euro. Pas question d'abandonner cette livre sterling si chère à leur coeur et qu'ils jugent si fondamentale pour leur identité. Mais l'on dirait qu'elle ne leur suffit plus totalement. En moins d'une semaine, deux nouvelles devises sont apparues outre-Manche. Le "Brixton pound" (B£) verra officiellement le jour jeudi 17 septembre au soir. La "Stroud pound" est née le 12 septembre.

Dans les deux cas, il s'agit d'une monnaie purement locale, que les consommateurs ne peuvent utiliser que dans un périmètre réduit, le quartier de Brixton au sud de Londres pour la première, la ville de Stroud dans le Gloucestershire pour l'autre. En 2007, Totnes dans le Devon avait ouvert la voie, suivie, en septembre 2008, de Lewes dans l'est de l'Essex.

La Banque d'Angleterre regarde sans doute avec un certain mépris ces expériences qui fleurissent ici ou là. Car ces "devises locales", comme les appellent les économistes, ne font que cohabiter avec l'indétrônable sterling. Elles n'ont rien d'une monnaie au sens traditionnel du terme. Elles en ont l'apparence - elles se présentent sous la forme de billets - mais la comparaison s'arrête là. Elles n'ont aucune valeur sur le marché des changes, et n'existent pas à l'extérieur des frontières dans lesquelles elles ont vu le jour. Elles sont un simple instrument d'échange au sein d'une communauté, qui permet une sorte de troc version papier. Et personne n'est obligé de les adopter.

"Nous avons imprimé 40 000 billets, de un, cinq, dix et vingt B£", ce qui représente plus de 100 000 livres (112 000 euros), explique Tim Nichols, qui a géré l'affaire à Brixton pour le compte de l'association environnementale Transition Town, à l'origine du projet. >>> Reportage LeMonde.fr | Jeudi 17 Septembre 2009