LE FIGARO: Deux frères français, les Chalhoub, ont bâti un empire de 200 boutiques au Moyen-Orient.
Lunettes de soleil siglées Versace sur le front, sacs baguette Dior sous le bras et téléphones Prada à la main, des jeunes femmes furètent parmi les dessous affriolants de la marque Agent provocateur. Scène banale d’un shopping entre copines… sauf que rien ne dépasse de leurs abayas noires et qu’elles sont au BurJuman, le plus chic des malls de Dubaï, dédié aux élégantes du golfe Arabo-Persique avec ses fontaines vertes, ses escaliers en bois doré, ses restaurants libanais et son magasin Vuitton décoré de moucharabieh. Ces jeunes femmes auraient-elles seulement pu passer leurs journées dans un tel mall, il y a seulement dix ans ? Pas sûr.
Grâce aux Chalhoub, un vrai vent de révolution souffle sur la vie de l’élite orientale. Sans cette dynastie d’entrepreneurs visionnaires, le Golfe ne serait pas la nouvelle plaque tournante du luxe mondiale. Des maisons comme Vuitton, Dior, Baccarat, Bonpoint, Christofle, Fendi et Chanel n’y feraient pas autant d’affaires. Des millions de touristes n’afflueraient pas à Dubaï. Et les élégantes autochtones, oisives à 99 % et richissimes grâce aux cours élevés du pétrole, connaîtraient la même vie recluse que leurs mères. Au lieu de quoi, elles peuvent s’adonner à leur passe-temps favori : faire du shopping, sept jours sur sept, de 10 à 22 heures non plus au souk mais dans de gigantesques centres commerciaux lumineux et climatisés. >>
Mark Alexander